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CRITIQUE DU FILM PAR THOMAS CHALAMEL.

 

JE RESSENS TON CŒUR : c’est le titre du dernier (trop) court métrage du sensible réalisateur Thibaut Charlier, poème filmique d’une étonnante beauté.  

 

Le jeune auteur surprend beaucoup avec cette œuvre très personnelle, prenant presque le parfait contrepoint de ses précédentes expérimentations cinématographiques : en effet cet enfant de Kounen et de Tarantino nous avait principalement réservé quelques trips pas mal furax, notamment une MAUVAISE GRAINE reprenant en grande partie le monologue sordide de l’ouverture du SEUL CONTRE TOUS de Gaspar Noé, un NOËL PSYCHEDELIQUE au montage ultra-cut et shooté à l’acide ou encore un JESUS LE RETOUR se fichant pas mal du bon goût et du quand dira-t-on… Ici point de coups de gueule ou d’éclats de fureur, simplement un sujet modeste et traité de la sorte en même temps qu’il fraye vers une magnifique universalité.

 

JE RESSENS TON CŒUR, en dix petites et précieuses minutes, nous parle d’amour et d’empathie, de musique et de maladie. D’un couple, surtout. D’une étreinte spirituelle.

 

Le film saisit énormément par son calme et sa maturité, ses absences puis ses présences. L’image et le son, faisant corps l’une avec l’autre, ne souligne jamais la même chose, préférant nous laisser nous promener dans ce drame intime et comme habité par une mort elle-même ouverte vers quelque autre chemin. Le style visuel de JE RESSENS TON CŒUR, tour à tour fluide et posé, témoigne d’une maîtrise inédite chez Thibaut Charlier, jusqu’alors plutôt enclin à un cinéma borderline et comme en roue-libre. Les acteurs, Zheni Meria en tête, se donnent sans fausse pudeur ni pathos à la caméra pour mieux en tirer d’authentiques émotions, livrant une ode élégiaque à l’amour et son empreinte dans le Temps. C’est le film d’un passage, d’un éventuel purgatoire entre l’agonie et un Eden invisible pour le commun des mortels. Thibaut Charlier propose une vision poignante de l’accompagnement, nous invitant le temps d’un film, à le prendre par la main…

 

Plongez à votre tour dans cette balade filmique peu commune qui, bien qu’imparfaite, touche et séduit par sa grâce à peine maquillée. De vraies émotions pour une œuvre tout sauf impersonnelle. Bonne projection !

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